Le port des EPI : une obligation réglementaire
Le Code du travail (articles R4321-4 à R4323-95) indique que “Les équipements de protection individuelle et les vêtements de travail mentionnés à l'article R. 4321-4 sont fournis gratuitement par l'employeur qui assure leur bon fonctionnement et leur maintien dans un état hygiénique satisfaisant par les entretiens, réparations et remplacements nécessaires.”
L’employeur est donc tenu de mettre à disposition des EPI adaptés aux risques identifiés dans le Document Unique. Cette mise à disposition s’accompagne d’une obligation de former les salariés à leur usage et de contrôler leur port effectif.
Du côté des salariés, l’article L4122-1 du Code du travail précise également qu’ils sont tenus “de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail.” Les salariés doivent donc utiliser les EPI fournis conformément à leur destination et à la formation reçue.
Synthèse des responsabilités

Pour aller plus loin sur vos obligations : découvrez notre article Comment garantir la sécurité de vos employés : ne prenez aucun risque !
Bien choisir les EPI : un levier de prévention stratégique
Tous les EPI ne se valent pas, et tous les risques ne se traitent pas avec les mêmes équipements.
Casques, gants, lunettes, protections auditives, chaussures de sécurité, vêtements techniques, harnais... le choix dépend de l’activité, des environnements de travail et des dangers identifiés.
Pour faire le bon choix, une méthode rigoureuse s’impose. Elle passe par :
— Une évaluation précise des risques (physiques, chimiques, etc.),
— Une sélection d’EPI certifiés (marquage CE, conformité aux normes),
— Une adéquation avec la morphologie des salariés,
— Une facilité d’utilisation qui favorise l’adoption.
L’objectif : protéger sans gêner, car un EPI mal adapté est un EPI peu ou mal utilisé.
Notre guide pratique : Protéger vos travailleurs : les 7 étapes clés pour bien choisir vos EPI
Pourquoi les EPI ne sont-ils pas toujours portés ?
Malgré une politique claire, des équipements fournis et des rappels réguliers, le port effectif des EPI reste un défi quotidien. Les raisons sont multiples :
- Inconfort ou gêne dans les mouvements,
- Méconnaissance des risques réels,
- Habitudes ancrées ou relâchement,
- Manque de formation ou de sensibilisation,
- Absence de sanctions ou de suivi.
Il est essentiel de comprendre que le non-port d’un EPI n’est pas toujours un acte de rébellion, mais parfois le symptôme d’un défaut de pédagogie, de communication ou d’adaptation de la démarche de prévention.
Vous êtes confronté à un accident lié à l’absence d’EPI ? Consultez notre article : Accidents du travail : Protégez vos employés et votre entreprise en agissant rapidement
Informer, former, accompagner : les clés d’une culture sécurité efficace
Un salarié qui comprend les risques encourus, les conséquences pour sa santé ou celle de ses collègues, et l’utilité précise de chaque équipement, sera beaucoup plus enclin à porter ses EPI au quotidien.
Voici 3 étapes fondamentales à intégrer dans votre politique QHSE :
Informer = pédagogie
Oubliez les injonctions autoritaires : privilégiez des supports clairs, illustrés, concrets. Expliquez pourquoi tel équipement est vital, en quoi il protège et quels sont les risques sans lui.
Former
Organisez des sessions de formations pratique et interactives : mises en situation, démonstrations, etc. Et surtout, adoptez la formation à la réalité terrain et aux métiers concernés.
Accompagner sur la durée
Rappelez régulièrement les bonnes pratiques, observez ls comportements, dialoguez, écoutez les freins... et si nécessaires, réajustez les équipements ou les protocoles.
La prévention est une démarche active. Elle suppose d’impliquer vos équipes dans l’élaboration et l’évolution de vos règles de sécurité.
Refus de port d’EPI : que faire ?
Malgré tout ce déploiement et cette application au quotidien, il arrive que les rappels ne suffisent plus et que le non-port devienne systématique. L’entreprise doit réagir.
Par exemple :
- Constater les faits
— Relever précisément les manquements (dates, lieux, circonstances).
— S’assurer que l’EPI en question a bien été fourni et la formation bien réalisée.
- Echanger avec le salarié
— Entretien individuel : écouter les raisons, rappeler les règles.
— Documenter les échanges (compte-rendu, observations).
- Engager un process disciplinaire si besoin
— Avertissement écrit.
— Mise à pied.
— En dernier recours, licenciement pour faute grave (si la sécurité est gravement compromise de manière répétée).
Une sanction ne doit jamais être prise à la légère : elle doit être proportionnée, justifiée et précédée de démarches de prévention.
Des outils pour structurer votre démarche SST
Pour garantir la traçabilité, la conformité et l’efficacité de votre politique EPI, plusieurs outils sont à votre disposition :
- Le Document Unique pour cartographier les risques et justifier les EPI prescrits.
- Le registre des EPI pour tracer leur attribution, leur entretien et leur remplacement.
- Des outils numériques QHSE, comme la solution Dyo by Symalean, pour piloter les formations, assurer le suivi des habilitations, centraliser les preuves d’informations.
Et demain ? Le Passeport de prévention permettra de retrouver l’ensemble des attestations et certificats liés à la sécurité, notamment ceux concernant les EPI. Employeurs, préparez-vous à l’échéance de 2026 et consultez notre article à ce sujet Formation SST : pourquoi adopter un logiciel pour gérer vos déclarations au Passeport de Prévention ?
Faire du port des EPI un réflexe partagé
Faire porter des EPI ne peut se résumer à une règle à faire appliquer à tout prix. Il s’agit d’un enjeu de santé publique, de responsabilité partagée et de culture d’entreprise.
Aux entreprises de créer des conditions d’adhésion, du dialogue et du respect des règles. Aux salariés de comprendre que porter ses EPI, c’est se protéger et protéger les autres.
La sécurité ne se délègue pas : elle se construit, ensemble, jour après jour.